Gabrielle Keiller
GABRIELLE KEILLER (1908 - 1995)
COLLECTIONNEUSE & ARCHIVISTE DU SURRÉALISME

Les surréalistes étaient passionnés et leurs collectionneurs ne l'étaient pas moins. L'ancienne golfeuse écossaise Gabrielle Keiller s'est consacrée à leur mouvement à la suite d'une visite à la maison vénitienne de Peggy Guggenheim en 1960. Cette date s'est avérée être un moment charnière de sa vie. Pour elle, l'art était une passion plutôt qu'un investissement. Elle tenait à n'acheter que des oeuvres pour lesquelles elle avait la place de les accrocher dans son cottage. Reconnaissant la signification fondamentale de l’aspect littéraire du surréalisme, elle a également travaillé assidûment pour créer une magnifique bibliothèque d'archives, remplie de livres rares. C'est pourquoi sa collection si riche est considérée comme l'une des collections d'art surréaliste les plus importantes au monde. MyStudiolo retrace la vie de cette grand perfectionniste, instinctive envers les oeuvres d'art en :
6 dates clefs 4 oeuvres 3 anecdotes 1 citation
1930's À cette époque, sa vie était consacrée au golf. Elle hérite de sa grand-mère paternelle d'une part d'un ranch au Texas. La vente de cet actif après la seconde guerre mondiale lui fournit les fonds nécessaire pour débuter sa collection. Au début, son intérêt est porté vers les peintures de maîtres anciens, les beaux meubles anciens, l'argenterie et la porcelaine. Elle possède même alors un Cézanne.
1855 Après la mort de son mari en 1955, Gabrielle Keiller abandonne le golf et travaille comme bénévole à temps partiel à la Tate et au British Museum. Photographe archéologique, elle aide Rupert Bruce-Mitford dans son étude portant sur les fouilles menées à Sutton Hoo, où un bateau-tombe de l'époque anglo-saxonne avait retrouvé en 1939.
1860 Sa rencontre à Venise avec la collectionneuse Peggy Guggenheim l'a tant impressionné qu'elle prend la décision de se concentrer désormais exclusivement sur le mouvement Dada et le Surréalisme. Le sculpteur écossais Eduardo Paolozzi qui expose ses œuvres inspirées du surréalisme au pavillon britannique de la Biennale de Venise l'encourage également dans son intention de réaligner sa collection.
1963 Elle achète son premier Paolozzi et devient vite son plus grand mécène. Elle collectionne des oeuvres des principaux représentants des mouvements : des peintures et collages de Paul Delvaux, de Max Ernst, Magritte, Man Ray, Mir, Schwitters et Tanguy mais aussi des sculptures de Duchamp et Giacometti. Elle acquiert aussi une oeuvre des débuts de Francis Bacon.
1988 Après un sérieux incendie deux ans auparavant, plusieurs de ses oeuvres ont été endommagé et ce bouleversement a affecté sa santé. Cependant, cet incident profite au public sous la forme de "The Magic Mirror", une exposition de quelque 180 œuvres dada et surréalistes (y compris des livres et autres objets) à la Royal Scottish Academy, ainsi qu'une exposition itinérante de 18 sculptures de Paolozzi.
1995 À sa mort, elle lègue une collection de 136 peintures, sculptures, lithographies et dessins, ainsi que ses livres et manuscrits, à la Galerie Nationale d'Art Moderne d'Édimbourg. En tant que membre du comité du musée, elle avait donné de brillants conseils et fut responsable des plus importantes acquisitions.
René Magritte, Miroir Magique, 1929
Paul Delvaux, Rue des Tramways, 1938
Eileen Agar, Fish Circus, 1939
Salvador Dalí, Le Signal de l'Angoisse, 1936
ANECDOTES
Andy Warhol n'a jamais eu peur de solliciter des commandes et suggérait souvent qu'il pourrait créer un portrait d'un animal de compagnie, si quelqu'un ne voulait pas s'asseoir pour qu'il lui fasse son portrait. Créé grâce à des Polaroids, Maurice - qui était le teckel bien-aimé de Gabrielle Keiller - a été le premier tableau de Warhol à entrer dans la collection de la Scottish National Gallery.
Gabrielle Keiller était championne de golf. Elle a remporté les championnats féminins au Luxembourg, en Suisse et à Monaco, conservant le titre de Monaco en 1949. Elle était également membre des équipes d'Angleterre et de Surrey.
Elle était aussi une jardinière passionnée. En exposant ses sculptures dans le jardin de son cottage, elle a pu réaliser un merveilleux mariage entre sa propre forme d'art (son impressionnant jardin) et celle des sculptures. Par exemple une grenouille de Paolozzi au bord d'un étang avec des nénuphars ainsi qu'un mémorable cercle concentrique d'ardoise commandé à Richard Long, situé dans le bosquet de sa clairière.
" Elle avait ce raisonnement incroyable, une certaine sorte d'excentricité impériale. Il a été très facile pour elle d'aimer le Surréalisme qu'elle trouvait décalé, espiègle et merveilleux. "
Dit son ami et sculpteur Eduardo Paolozzi
Pour aller plus loin:
Une introduction au Surréalisme et ses collectionneurs.
La vidéo Collector of Surrealism : Gabrielle Keiller avec Richard Calvocoressi, curateur et ancien directeur de la Scottish National Gallery of Modern Art.